C’est au terme de 15 années d’existence que prend fin soclassiq.com.
J’ai ouvert ses pages en janvier 2009. Le web était encore jeune et la place qu’y occupait la musique classique était dérisoire : quelques blogs, des sites internet de salles, de festivals ou de grands orchestres, quelques sites de vente de CD en ligne. Le streaming musical balbutiait (Spotify ouvert en octobre 2008, Deezer et Qobuz quelques mois auparavant). Les surfaces de vente classiques des disquaires étaient en voie d’extinction.
Toutefois, la demande de musique classique enregistrée restait stable partout dans le monde alors que les autres segments voyaient leurs ventes de CD s’effondrer. Chaque année, le nombre de productions en public progressait partout dans le monde, comme le nombre de labels et d’oeuvres enregistrées.
Une situation pour le moins anachronique… puisque de plus en plus de gens venaient à la musique classique tandis que l’industrie s’en détournait et le web n’apportait aucune réponse pour assimiler une musique couvrant 10 siècles d’histoire et dont l’hyper-diversité ne plaident pas en sa faveur.
L’intention était de fournir aux esprits curieux et aux mélomanes chevronnés des clés de lecture de cette diversité, pour découvrir ou redécouvrir le répertoire, les compositeurs, illustres ou méconnus, leurs oeuvres, etc…
Un immense catalogue a été constitué*. Beaucoup d’algorithmes ont été mis au point pour enrichir ce catalogue, capter l’actualité sur la musique classique et l’opéra, pour parcourir ces collections, explorer facilement une telle diversité, pas à pas, de fil en aiguille. soclassiq.com a été proposé en 5 langues, rendant accessible la musique classique à plus de 2 milliards de personnes. Pendant ces 15 années, je n’ai jamais identifié de site web équivalent. Certes l’offre de contenus dédiés à la musique classique s’est depuis enrichie. Il s’agit essentiellement de sites éditoriaux. Très peu offrent une expérience de découverte, à vocation pédagogique. Aucun à l’échelle de soclassiq.com, qui est resté « unique en son genre » du premier au dernier jour, et « gratuit et sans publicité » (auto-financé).
Malgré ses qualités et son originalité, il faut admettre que soclassiq.com n’a pas réussi à s’ancrer dans le paysage. La fréquentation a connu de courtes périodes d’envolée, très enviable, au-delà de 5.000 visiteurs par jour. Certains ont aimé et sont devenus fidèles voire assidus. Beaucoup faisaient « 3 petits tours et puis s’en vont ». La fréquentation récurrente était plus modeste. Elle s’érode aujourd’hui inexorablement et ne compte plus que quelques centaines de visiteurs quotidiens. Je n’ai jamais compté mes heures, ni mes jours ni mes nuits, pour améliorer l’expérience, étendre les collections et satisfaire les exigences de Google pour gagner en visibilité. Mais dans le même temps, les millions de pages proposées étaient butinées intensément par des automates, parfois à très haute fréquence. Après analyse, 90 à 95% des ressources techniques étaient absorbées par des robots (de Google et de quantité d’autres). Et en conséquence, depuis son lancement, les coûts d’hébergement n’ont cessé de progresser pour atteindre aujourd’hui un niveau disproportionné pour quelques centaines de visiteurs, pour très peu récurrents.
Il y a évidemment de l’émotion à refermer ce chapitre. J’ai donné beaucoup de mon temps libre, de l’argent, sans aucun regret. J’ai reçu beaucoup de messages de gratitude et d’encouragement. soclassiq.com était apprécié d’un certain nombre de mélomanes. Je les remercie pour leur fidélité.
Il restait beaucoup à faire et les idées ne manquaient jamais.
C’est avec un sentiment de mission accomplie que je referme ce chapitre, et avec fierté car la longévité de soclassiq.com aura été exceptionnelle.
Laurent Houmeau (laurent.houmeau@soclassiq.com)
20 août 2024